La liberté d'expression vue par Normand Baillargeon
Liberté d’expression
La liberté d’expression est depuis longtemps inscrite au nombre des grandes valeurs et des grands principes qui définissent une démocratie libérale.
Mais depuis plusieurs années, ici comme ailleurs, ce principe et cette valeur sont l’objet de vifs débats qui sont susceptibles d’avoir de profondes répercussions sociales, politiques et juridiques.
Ces débats surviennent par exemple lors de ces tentatives, souvent réussies, d’interdire à une personne de prendre la parole, comme cela s’est notamment produit dans des universités; ou lorsqu’on a tenté, par divers moyens et pour toutes sortes de raisons, d’interdire l’accès à un spectacle; ou encore quand des propos jugés incendiaires ont été censurés sur les réseaux sociaux; et par bien d’autres manières encore.
L’arrivée relativement récente de tous ces outils développés par les nouvelles technologies de l’information et de la communication, et par lesquels la parole a en quelque sorte reçu de nouveaux moyens de se propager, est justement au nombre des raisons qui expliquent pourquoi ces débats se sont imposés à nous. Mais il y en a d’autres, parmi lesquelles l’émergence de nouvelles sensibilités et de nouvelles revendications qui font que la liberté d’expression est aujourd’hui au cœur de nombreuses et difficiles questions, certaines d’entre elles nouvelles et polémiques.
On se demande ainsi qui, en plus de l’État, peut légitimement revendiquer de limiter l’expression d’idées et de propos, et au nom de quoi, par quels arguments recevables il pourrait le faire.
On se demande aussi si des entreprises comme Facebook ou Twitter sont, ou non, des candidats recevables à titre de censeurs de certains propos. Et s’il est ou non dangereux de les voir parfois exercer ce rôle.
On se demande encore si les nouvelles limites que l’on imposerait à la liberté d’expression ne risquent pas d’avoir des effets indésirables sur les droits des individus ou sur des institutions qui nous sont précieuses — comme les médias d’information ou les universités.
Et finalement quels propos, exactement, méritent d’être censurés, et au nom de quoi devraient-ils l’être, le cas échéant?
Derrière toutes ces difficiles questions qui se posent aujourd’hui à nous, on en trouvera une qui pourrait être la plus importante de toutes : quelle valeur accordons-nous à la liberté d’expression et quel prix sommes-nous en conséquence disposés à payer pour la défendre?